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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 14:03

C'est un phénomène inquiétant que le mème. Le mème Internet.

Inquiétant par le nombre, parce qu'il se multiplie (c'est son principe, sa vocation de se reproduire à l'identique). Je parle de ces idées ou concepts qui envahissent le Web, l'encombrent, représentent un risque (de collision), un danger pour la circulation des vraies nouvelles.

Inquiétant aussi par ce qu'il véhicule, et qui prolifère en ce moment.

Car il se répand (c'est dans sa nature de faire des vues, d'augmenter le nombre de vos abonnés sur Instagram ou Tik Tok), comme les vidéos virales, comme ces images, de celebs (pas de pinsons, hélas, mais de « célébrités ») ou autres, qui voyagent seules ou accompagnées d'un message, ce qu'on appelle chez les mémeurs et même les mémologues (ils auront bientôt leur chaire de mémétique à l'université) witty message ou catchphrase.

Ces macros d'images constituent, comme la multiplication des débris qui jonchent l'orbite terrestre, une pollution de l'espace. Comme ces épaves dont la désagrégation pourrait générer encore plus de détritus, et provoquer de graves réactions en chaîne. Et même l'élection, à la tête d'un pays, de l'Agent orange ou de Q -pas celui qui porte une Swatch très spéciale dans le dernier James Bond, mais le non moins mystérieux Q, à l'origine du mouvement complotiste QAnon. Qu'on dit sorti de nulle part, ou du Dark Web, et qui vient de là, de ces idées ou concepts simples, repris et déclinés en masse, qui voyagent à travers le Web et envahissent l'espace. Polluent l'espace. Et empêchent de penser.

Ces mèmes, quelque forme qu'ils prennent, sont propagés par le biais des réseaux sociaux, par exemple via les hashtags sur Twitter, ou les neurchis sur Facebook. Des chineurs (en verlan) qui cherchent toujours un peu la perle rare, dans cette vaste brocante qu'est le Web, mais fatigués de nos façons un peu old de chiner, ils chassent maintenant en meutes, comme de vulgaires trolls (qu'ils sont également, dans d'autres vies et sous d'autres pseudos) : c'est le cas de Neurchi de Zemmour, sur quoi tout de suite vous tombez, quand vous-même vous chinez sur la Toile. Vous découvrez très vite qu'un neurchi l'est toujours de quelque chose ou de quelqu'un, que les neurchis partagent la culture du mème, et la même culture, qu'ils forment un groupe, une communauté, et que la neurchisphère se confond de plus en plus avec la complosphère et la fachosphère.

Si les mèmes imitent les gènes (comme eux ils sont réplicateurs -capables de se reproduire à l'identique- et responsables de l'évolution de certains comportements), la mimésis dont ils procèdent ne produit que de pauvres phénomènes : des succédanés d'idées, de concepts qui voyagent à travers le Web, avec ou sans images, qui deviennent en peu de temps populaires. Et cette propension à se propager, surtout chez les jeunes, avec leurs images détournées, décalées, leurs messages simples et leur humour 2.0, souvent potache, parfois limite, leur liberté de ton qui s'affranchit volontiers du politiquement correct, de la bien-pensance, tout cela intéresse les influenceurs d'extrême droite. Qui observent le phénomène avec bienveillance, le regardent comme une formidable opportunité.

Mais ce n'est pas le rôle de KNOW YOUR MEME. De s'alarmer et d'alerter. Apparemment, ce site Internet ne s'inquiète pas, il ne voit là aucun danger pour la démocratie, aucun doigt d'honneur à la pensée, il se contente de documenter « les variétés de mèmes Internet et autres phénomènes en ligne, comme les vidéos virales, images, slogans, célébrités sur Internet, et autres. »

Pourtant, ce site qui référence les mèmes et leur associe des « labels » selon leur popularité et leur contexte général d'utilisation, fonctionne un peu (si j'ai bien compris) comme Wikipédia. Avec des administrateurs pouvant décider quel mème est confirmé ou rejeté. Signalant certaines images, les faisant supprimer.

Ceux qui les partagent, quand elles propagent la haine, risquent-ils, comme sur Facebook, de se faire zucker : bannir. Comme NdZ de Twitter ou d'Instagram,

S'agit-il d'un bannissement temporaire ou définitif ?

La réponse importe peu, en tout cas elle ne me concerne pas.

Neurchi de Zemmour, « groupe de la memosphère française dédié au personnage d'Eric Zemmour », ne m'était visiblement pas destiné. Je n'étais pas une cible.

Pas encore.

 

Dans la maison/atelier de Florence Marie, à Honfleur.

Dans la maison/atelier de Florence Marie, à Honfleur.

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