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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 09:13

Le cimetière animalier d'Asnières

 

 

 

Le cimetière animalier d'Asnières-sur-Seine est un formidable terrain de chasse.

Pour les chasseurs d'inscriptions, c'est même le rendez-vous obligé. L'occasion à ne pas rater. D'enrichir sa collection, et de trouver la forme qui réveillera ou révélera le poète.

C'est ce qu'ont fait, il y a plus de deux mille ans, les amateurs qui recueillaient les épigrammes funéraires et les publiaient. En y ajoutant des épigrammes funéraires fictives, composées par eux ou par d'autres, sur le modèle des « vraies ».

L'épigramme est à l'origine (comme son nom l'indique) une inscription sur pierre. Il s'en trouvait de « vraies » sur les pierres tombales, sur des statues ou des objets. Il s'en trouvait beaucoup. Mais sans doute pas assez, pour ces collectionneurs.

On vit donc fleurir les épitaphes funéraires fictives, aussi bien de héros de la mythologie que de petits animaux de compagnie : chien, sauterelle, cigale, grillon, lièvre, mésange, etc.

Qui se risquera aujourd'hui dans le cimetière animalier d'Asnières ? Qui aura cette chance ? De pouvoir imiter le poète de Vérone. D'inventer, comme Catulle avec La mort du moineau de Lesbie, une nouvelle forme poétique.

 

 

 

La chienne Issa

 

 

 

Le bichon maltais était très apprécié des matrones.

Il ne l'était pas moins de certains Romains. C'est ce que l'on voit dans le poème 109 du premier livre d'épigrammes de Martial, sur la chienne Issa.

On pourrait croire que ce poème s'inscrit dans la tradition de l'éloge d'un animal familier. D'un animal chéri d'un enfant.

Mais Publius, son maître, n'est plus un enfant. C'est sans doute un aristocrate, qui est de ces jeunes gens précieux s'adonnant aux plaisirs de l'otium, jouant à écrire des petits vers, ou à peindre. Ou aux deux, quand il décrit dans ses vers son portrait. Celui qu'il a peint de la chienne Issa. Assurément son chef-d'oeuvre.

L'éloge qu'il fait d'Issa -et de son portrait- est tellement dithyrambique qu'il est difficile de ne pas y voir du second degré. Une satire légère.

Ce n'est plus le portrait de la chienne Issa que nous lisons, mais celui du peintre qui a réalisé l'oeuvre de sa vie, du poète qui décrit son tableau, de ce Publius qui n'a que le nom d'Issa à la bouche, qui lui trouve toutes les qualités, qui fatigue ses amis, au premier rang desquels Martial.

23 vers, c'est long, pour une épigramme. Et beaucoup pour une « petite chienne minuscule ». Visiblement Publius nous soûle, quand il nous parle d'elle. Qu'il en parle comme si elle était sa fille voire sa maîtresse. Martial le trouve ridicule. Peut-être même obscène. De brûler ainsi d'amour pour cette petite chienne, pour cette catella dont il voudrait être le Catulle. Pour une « petite chienne minuscule » qui n'est pas plus grosse que le moineau de Lesbie.

Mais « plus friponne »!

 

 

 

Avec son nom qui aboie

 

 

 

Plaute écrit des comédies grecques en latin. Il hérite d'un genre très codifié, ce qui ne l'empêche pas de jouer avec le code. Cela dès le prologue.

Le prologus est un acteur en costume, un personnage censé faire rire le public. D'emblée. Son rôle consiste à créer une ambiance joyeuse.

Le prologue de Casina n'échappe pas à la règle. Plaute se moque de lui-même, de son nom, Plautus, qui peut aussi désigner une race de chien aux oreilles pendantes.

« Déiphile a écrit cette comédie en grec.

Ensuite Plautus avec son nom qui aboie l'a réécrite en latin. »

Plautus cum latranti nomine pose un problème de traduction. Celle de Florence Dupont est on ne peut plus fidèle, mais fera-t-elle rire un public qui ne parle pas latin?

Plaute s'appellerait Clabaud, on ne goûterait pas davantage la plaisanterie. On ne verrait pas le chien de chasse qui a les oreilles pendantes, et qui se récrie mal-à-propos sur les voies. Son nom ne clabauderait pas mieux.

 

 

 

Le premier chien coiffé

 

 

 

Elle serait dans les dernières. À l'avoir, sinon épousé, du moins rencontré. Dans les conversations. Ce premier venu qui a longtemps hésité, pour vous séduire, entre la chèvre et le chat, et qui a opté pour le chien. Et pour cette coiffure.

Quelle coiffure ? Portait-il un chapeau ? Avait-il une coupe spéciale ? Avec quoi pensait-il attirer le regard ? Elle a bien du mal à se le représenter, ce premier chien coiffé. À quoi pouvait-il ressembler ?

Ma grand-mère Marie n'en avait pas la moindre idée.


 

 

Le cimetière animalier d'Asnières
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