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7 mai 2023 7 07 /05 /mai /2023 06:36

Tous les philosophes ne martyrisent pas leur chienne. Regardez Schopenhauer et Atma. Atma, c'est « l'âme » en sanskrit. Une « âme » à qui il s'efforce de ressembler (avec sa coupe caniche) et à qui il lègue tout ce qu'il possède. Non par misanthropie, comme on le croit, mais parce que le chien est Volonté, alors que les hommes, y compris les philosophes, sont dans la Représentation.

Légende que cela. La réalité serait tout autre.

Son chien -un bel épagneul blanc, puis un brun, appelé lui aussi Atma- n'aurait pas été son légataire universel. Celui qui se réfère à Platon, se place en unique héritier légitime de Kant, aurait testé en faveur de l'armée prussienne (invalides des insurrections de 1848-49), pour ce qui est de sa fortune. Il aurait laissé ses droits d'auteur à Frauenstädt et, en lieu de testament, des « instructions compliquées » pour son caniche.

Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il n'a jamais traité Atma d'homme. Traiter son chien d'homme est lui faire injure. Ou au moins honte, en cas de bêtise. L'animal ne s'y tromperait pas, il irait se coucher -se cacher la tête- dans son panier.

Inversement, Schopenhauer reçoit le mot chien comme un compliment. Une récompense. Vous le voyez remuer la queue plus fortement vers la droite, vous le voyez pour la première fois heureux.

 

Texte extrait de Le Titien à sa maman, à paraître en juin 2023 dans la collection L'éléphant blanc (Unicité)

 

 

Schopenhauer et son caniche
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