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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 10:39

C'est à la Pointe Courte, forcément, qu'une traverse Agnès Varda mène aux pêcheurs. Alignés pour la dorade. Qu'une digue Georges Brassens rappelle à celui qui l'aurait oublié qu'il est à Sète. Au bord de l'étang de Thau. Où les petits bateaux attendent, dont beaucoup ont perdu leurs jambes. Mais ils ont toute leur tête. Une tête de mouton, sinon de chameau, en peluche et plantée en haut d'un piquet (une pique? pour bien montrer au visiteur qu'il est ici chez les Pointus?). Une tête de poupon sortant du figuier, à l'entrée du cabanon baptisé Mon chat laid.

Il y a en effet des chats, il y en a partout, roulés dans les filets et dans l'odeur de garum (celui qui vend tout près ses huîtres et ses coquillages s'appelle Murex et c'est écrit en rouge, à la peinture antirouille) ou allongés sur des tapis galeux. Au bout de l'allée, qu'on croirait d'un jardin ouvrier avec son abri tonnelle, ses bidons bleus, azur ou cerise (si on vous demande quel bleu, au lieu de répondre azur, qui fait quand même cliché, dites plutôt bleu cerise, c'est la couleur de ce qui n'existe pas, ou pas encore), une pancarte vous accueille: "Bienvenue à la Pointe du Rat (chez Néné)". Mais surtout (c'est là que je voulais arriver), on rencontre, à côté des brouettes de toutes sortes, des plans de travail et des barbecues improvisés, des poètes en herbe (en lierre, un lierre se donnant des airs, des allures de plante grasse, grimpant avec les géraniums et mieux qu'eux, car son feuillage délicatement crénelé, joliment vernissé ne ramasse pas la poussière, s'il fleurit jaune, jaune pissenlit, il prend la lumière et laisse la poussière aux géraniums). Je passe sur des maximes puissantes du style "Mieux vaut une sardine sur le grill qu'un thon qui nage", et je m'arrête à ceci qui est dans l'esprit des épitaphes latines, même si ce sont ici des vivants qui s'adressent à des vivants, pour leur demander un peu d'argent (une boîte est là, déguisée en tirelire et habillée en Grand Loto, pour appuyer la demande); même si cela évoque surtout la pratique d'un pastis en échange d'un service, pratique stigmatisée aujourd'hui dans ces jardins qu'on n'appelle plus ouvriers mais familiaux:


"Passant qui nous photographie
Un petit geste de sympathie
Pour nos dépenses sans folies
Manger Guérir être en vie MERCI"

 

PA141615

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