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26 août 2019 1 26 /08 /août /2019 08:10

La balsamine qui a envahi mon jardin de Saint-Romans, qui est descendue chez le voisin et tapisse les abords du Logis, vient de moins loin, de moins haut puisque nous l'avons rapportée d'Exoudun. De la colline où nous étions montés. De nos rapines, corrigerait ma mère qui était ce jour-là complice de nos forfaits. Elle dirait la spectatrice amusée.

Magie de ces espèces invasives qui vous transportent à peine vous avez dit leur nom, qui transforment un humble château fort en krak des chevaliers, mais on voyage aussi avec les Lusignan. Ou avec Mélusine. On est une pierre dans sa dorne. Un de ses nombreux enfants. Difformes et pour la plupart des monstres. C'est pourquoi elle les abandonne. Mauvaise mère, fée bâtisseuse. Une réputation établie et qu'il faut tenir. En construisant des ruines, en semant les dolmens. Sa route en est jonchée. Tout ce qui fut romain, on le lui attribue (on ne prête qu'aux riches). Et la prospérité, avec le haricot blanc qu'on appellera mogette.

La balsamine, quand elle oublie d'où elle vient, est un baume. Il faut voir ce qu'elle couvre, et en un rien de temps. Ce qu'elle cache car la blessure demeure, et il faut faire avec. Faire comme si elle avait disparu. Miraculeusement. Comme si, un miracle en appelant un autre, elle était pour quelque chose dans la morille apparue sous mes roues. Intacte, et je ne me l'explique toujours pas.

De cela on ne lui sait pas gré. On l'arrache même de plus belle. Pour l'empêcher de croître et de prospérer. Ce qui ne fait que la renforcer. Prendre possession du jardin, se rendre maître des lieux est son unique but. Celui que poursuivaient les Lusignan dans leurs châteaux.

La croisade contre la balsamine ne fait que commencer. Son éradication n'est pas impossible, contrairement à ce qu'on dit ; à ce que disent ceux qui ne veulent rien faire, sinon justifier leur inaction. On doit au moins pouvoir la contenir. Dans un premier temps. En ne bougeant pas. En évitant le moindre geste et même de respirer. Tout ce qui contribue à libérer les graines. La balsamine est une plante explosive. Elle ne demande qu'à exploser. Ne pas répondre à cette demande est la solution. Refuser le contact. Laisser l'ennemi envahir le jardin et se retirer sur la pointe des pieds. Ne plus y mettre un orteil. Ne plus risquer un oeil. Prier pour que le vent ne s'aventure pas jusque là. Vous verrez. Que les occasions se feront de plus en plus rares. Que la plante perdra peu à peu la capacité de se reproduire en projetant ses graines. Vous verrez, ou d'autres si la maison trouve preneur.

BALSAMINE DE L'HIMALAYA
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commentaires

P
Je me demande si ce n'est pas cette "impatiente"-là, ou sa cousine éloignée que j'ai fièrement mise en terre, dans un pot, et qui prospère sans le moindre effort en effet, sur le bord de la fenêtre...<br /> Et qui devrait moins la ramener d'avoir été si joliment tournée en mots.<br /> Merci Denis.
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