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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 06:55

     

Certains diront que c’est le mariage de la carpe et du lapin. Un Rex du Poitou, mais l’alliance n’en est pas moins saugrenue, l’union mal assortie, ils reviendront à la saison, aux Glycines où le chef sait quoi faire de l’ail des ours, transformer comme personne la bourrache en beignets.

Pour d’autres (ce sont peut-être les mêmes), c’est un pléonasme, le mariage de la carte et du latin, une carte achetée au Parchemin de Brioux et qui vous précipite lentement, fatalement, sur la route. Vous allez avec elle « par les chemins ». Suivant votre chemin qui est le Chemin des Romains. Vers Brigiosum, votre prochaine étape. S’il faut en croire la fameuse Table de Peutinger qui n’est pas comme Les Glycines à Melle un restaurant réputé mais une copie médiévale (sur douze peaux de parchemins) d’une carte routière romaine. Vous allez à Brigiosum. Vous allez votre train. Votre train d’escargot. Vous allez votre train vers la ruine. Les vestiges. Des vestiges où mettre vos pas, vos mots. Vous mettez vos pas dans les pas des Romains, vos mots. Vous cherchez le paysage sous les mots, vous cueillez les traces. Comme d’autres les escargots dans les talus, les palisses. 

Des haies, justement, on en replante, de petits chênes qu’il faut protéger des grandes herbes. Et mauvaises. Des orties et des escargots. Les orties et les escargots une fois de plus unis. Cette fois pour le pire. Car si ça crève bien au pied des jeunes arbres, devant vous c’est l’hécatombe. La route comme un grill, mais autre chose fait ces lumas grâlés. Le petit-gris si noir. Une châtaigne qu’on aurait oublié de sortir du diable. Un diable qu’on aurait oublié de retirer du feu.

 

Vous ne direz pas le nom du diable. De peur qu’il ne surgisse à nouveau sur la route. Sur cette route où vous ne rencontrez personne. Peursoune. Qu’une douzaine de marcheurs venus du troisième âge et que vous saluez poliment quand vous les croisez. Car sans être Alsacien ni accro à la wanderung, vous avez effectué quelques balades dans les Vosges, dit bonjour à de parfaits inconnus qui vous adressaient un sourire non moins amical. Vous les saluez donc, et leur bonjour vous répond qu’ils n’ont pas non plus l’intention de vous égorger. Vous pouvez continuer tranquille. Poursuivre votre rêverie. Songer avec regret au cantonnier et à ses abris. A ces beaux abris de pierres sèches qu’il a semés sur sa route. Des abris où il pouvait se réfugier en cas d’orage ou pour une petite sieste. Ou pour un long hiver. Comme l’escargot dans sa coquille. Comme le Christ dans son sépulcre. Et renaître à Pâques. Aux Glycines. Où Eric Caillon vous invite à déguster ses escargots aux orties. A goûter à la vie éternelle.

 


(texte qui vient de paraître, avec une photo de Marc Deneyer et  cette image  qui n'est pas d'Epinal mais de Glen Baxter, dans L'Actualité Poitou-Charentes.)


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